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Libération
Interview

«La lettre du ministre de la Recherche est grotesque»

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publié le 7 novembre 2001 à 1h33

Léon Ghosez est chimiste à l'université catholique de Louvain (Belgique). Président du jury de deux prix scientifiques, dont le prix Tetrahedron qu'avait reçu Henri Kagan en 1999, il revient sur la polémique engendrée par l'oubli du Français par le jury du Nobel.

Comment jugez-vous les réactions violentes suscitées par l'oubli de Kagan?

Que ses anciens élèves aient une réaction épidermique, je peux le comprendre. En revanche, je ne comprends pas les réactions de certains scientifiques, notamment au travers de la tribune publiée dans le Monde, et je ne vois pas pourquoi le gouvernement français s'en mêle. La lettre du ministre de la Recherche est grotesque. Elle ne servira ni Henri Kagan, ni la chimie française. C'est un réflexe de faiblesse. Je ne pense pas qu'il soit d'accord avec ces initiatives.

Quelle a été votre réaction à l'annonce des lauréats du prix Nobel de chimie 2001?

Je suis un soutien très ferme d'Henri Kagan. Quand j'ai appris la nomination des Nobel, j'ai regretté qu'il n'en soit pas. Mais il faut raison garder. La règle limite à trois le nombre de lauréats, et il y avait quatre personnes nobélisables. L'éviction de n'importe lequel des quatre aurait suscité des réactions de protestation. Le choix est très difficile quand on a affaire à des personnes d'égale valeur. Et pourtant, il faut bien choisir. Mais on ne fait pas de science pour recevoir des récompenses, nous ne sommes pas aux Jeux olympiques. C'est vrai que le Nobel donne une visibilité dans le grand publ