Michel Demazure est président de la Cité des sciences et de l'industrie de la Villette.
«Le rationalisme est en recul», affirmez-vous, dans une société où pourtant «la science est désormais efficace, présente dans tous les aspects de la vie quotidienne». Pourquoi ce paradoxe?
La science n'est plus, pour la plupart des gens, un objet extérieur, culturel, mais une force qui compte dans la vie de chacun: pensez à la médecine ou à l'alimentation. Devant cette intrusion, ils refusent de se transformer en animaux de laboratoire, en cibles des inventions des scientifiques ou des ingénieurs. En outre, la chute des grands systèmes explicatifs, religieux et politiques, a fait resurgir des attitudes romantiques, antirationalistes, qui sont une sorte de contrecoup de l'efficacité de la science.
La Cité des sciences et de l'industrie, que vous présidez, est accusée de privilégier le spectacle au détriment de la participation...
Cette critique est injuste. Je pense justement que la démarche issue des années 70 il suffit d'expliquer la science dans le langage du public et il comprendra a échoué. Nous proposons à nos visiteurs un accès différent au discours rationnel, en particulier par la controverse et tout un système de débats. Quant à l'émotion, ou au plaisir, si c'est ce qui est visé par le mot spectacle, c'est une voie d'accès à la science. Nous avons trois millions de visiteurs par an, ce n'est ni un ghetto ni une niche, il nous faut des modes d'expression capables de les toucher.
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