Alain Berestetsky dirige la Fondation 93, le centre de culture scientifique de Seine-Saint-Denis.
Vingt ans après la création des premiers CCSTI, où en est-on?
Des illusions sont tombées, dont celle du «tout est vulgarisable». L'objectif nouveau c'est de faire partager les questions que l'on peut poser à la science. Certaines exigent des savoirs minimums, d'autres relèvent du champ public, social, voire onirique. On peut discuter du rôle du nucléaire sans être savant atomiste. Dans cette perspective, il faut redéfinir les missions particulières et les outils de chacun, réfléchir aux pratiques permettant d'introduire le questionnement, et ne plus proposer une simple vitrine des résultats. Il faut une initiation à l'outil de curiosité collective qu'est la science. Et son message essentiel est qu'elle apporte à tous une méthode et des outils qui relèvent de l'urgence sociale et non du supplément d'âme.
Vraiment à tous?
La grande leçon de notre expérience, dans un département populaire, c'est que plus on est en situation de désarroi social et éducatif, et plus la confrontation avec les grands questionnements scientifiques est facteur d'intégration sociale. La science est un facteur d'ambition pour ces enfants scolairement détruits. Elle les rassure même, en leur disant «tu fais partie des vivants». Je pense à un élève de Bagnolet qui, menacé de renvoi, disait ne regretter de l'école que notre opération passeport-découverte où «on lui faisait confiance pour se poser des questions dif