Sarajevo envoyée spéciale
Comment identifier les victimes d'un massacre ou d'une catastrophe quand leurs corps sont méconnaissables et se comptent par milliers? Mission jugée impossible jusqu'à la découverte d'une équipe scientifique de Bosnie qui a changé la donne. Une nouvelle méthode de recherche basée sur l'ADN va permettre d'identifier un grand nombre de victimes, de la Bosnie à... New York.
Tout a commencé après Srebrenica. Sur 7 500 personnes portées disparues après le massacre perpétré par les forces serbes de Bosnie, en juillet 1995, seuls 140 corps exhumés des charniers ont pu être rendus aux familles. Plus de 4 000 dépouilles attendent encore, dans leurs sacs, de recevoir un nom. Difficile avec des corps qui, après avoir été enterrés une première fois, ont souvent été déplacés, pour cacher le crime, dans des charniers dits «secondaires» et «tertiaires» de la région, et disloqués au bulldozer. Résultat: «Le squelette d'une personne peut être réparti dans plusieurs sacs. L'identification par l'ADN était alors la seule option. Mais comment l'utiliser pour des milliers de disparus ? Cela n'avait jamais été fait», relate l'Américain Ed Huffine, directeur, à Sarajevo, du département ADN à la Commission internationale pour les personnes disparues (CIPD), organisme humanitaire créé par les Occidentaux après le conflit bosniaque.
Analyse de sang. Sous la conduite d'Ed Huffine, un ambitieux programme de recherche est lancé en 1999. Une campagne convainc les proches des disparu