Mille milliards d'ordinateurs dans une goutte d'eau. Agitez, c'est calculé. C'est ce que revendique une équipe israélienne dans la revue Science (1), en annonçant la mise au point d'un ordinateur biologique capable de mener un calcul mathématique très simple sur mille milliards de «nombres». Des travaux qui remettent sur le devant de la scène une idée lancée en 1994 par un chercheur américain, Léonard Adleman: pourquoi ne pas utiliser l'alphabet à quatre lettres de l'ADN et ses propriétés pour copier le fonctionnement des ordinateurs qui se contentent d'un alphabet à deux «lettres», les 0 et les 1?
Enzymes. Rien ne prédestinait Adleman à se pencher sur l'ADN. Mathématicien, il a longtemps travaillé sur les codes secrets, les techniques de chiffrement des informations. Adleman, c'est le A de RSA, la méthode de chiffrement la plus utilisée dans le monde. Mais l'homme est curieux. Il voit la cellule comme une minuscule machine à traiter de l'information qu'il serait intéressant d'imiter. Adleman imagine de remplacer les 0 et 1 de l'informatique par les A, C, T, G, les quatre molécules primordiales de l'ADN. En guise de circuits électroniques, ce sont les enzymes qui feront le travail. Puis il joint le geste à la parole. Adleman s'attaque à un problème mathématique baptisé «voyageur de commerce». Il s'agit de trouver le chemin le plus court pour relier un ensemble de villes sans passer deux fois au même endroit. Un problème simple en apparence, mais qui mobilise d'énormes ordinat