Chaque année, environ quatre-vingts millions de tonnes de poissons sont prélevés dans les océans. Le chiffre varie très peu depuis une dizaine d'années, en dépit de la modernisation de la pêche. Un signe indiscutable de l'appauvrissement des océans. Une étude canadienne publiée jeudi dans Nature apporte une nouvelle et inquiétante pièce au dossier. La quantité de poisson pêché en mer disponible par habitant pourrait être divisée par deux entre 1988 et 2020.
Seule source de statistiques globales, l'Organisation de l'alimentation et de l'agriculture des Nations unies (FAO) se base sur les données fournies par chaque pays. Au risque d'être induite en erreur par les chiffres qui lui sont communiqués. L'organisation estime que, depuis 1988, les prises mondiales ont augmenté en moyenne de 330 000 tonnes chaque année. Mais la conclusion des travaux de Reg Watson et Daniel Pauly, de l'université de Colombie-Britannique, est diamétralement opposée. Après avoir modélisé l'évolution des stocks de pêche, ils affirment qu'au contraire les prises diminueraient chaque année de 360 000 tonnes. Pire, si on omet l'anchois du Pérou, connu pour son extrême sensibilité aux variations climatiques et notamment au phénomène El Niño, la baisse serait de 660 000 tonnes par an.
Objectifs. Le coupable de ce fossé statistique serait la Chine, estiment Watson et Pauly. Exemple choisi parmi les dix années étudiées: en 1999, la Chine a déclaré des prises de 10,1 millions de tonnes. Les scientifiques, eux, es