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Libération

Creutzfeldt-Jakob: la fin de l'effroi

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publié le 14 décembre 2001 à 1h57

«Il y aura des millions de morts.» La prophétie a résonné dans tous les médias du Royaume-Uni et par-delà les mers. Elle était proférée par le microbiologiste Richard Lacey. C'était au printemps 1996, un printemps au goût de cendres. Le ministre de la Santé britannique Stephen Dorrell venait d'annoncer, le 20 mars, la découverte en Grande-Bretagne de dix cas d'une nouvelle forme de la maladie de Creutzfeldt-Jakob, bientôt baptisée v-MCJ. «L'explication la plus plausible est que ces cas sont liés à un contact avec l'encéphalopathie spongiforme bovine, l'ESB», rapporte-t-il. L'Europe est sous le choc.

L'étrange maladie de la vache folle, apparue sur l'île dix ans auparavant, s'y est répandue comme une traînée de poudre dans le sillage des farines carnées. 170 000 cas recensés, des centaines de milliers de bêtes malades consommées, et un gouvernement britannique qui a toujours nié la possibilité d'une contamination humaine. Voilà que la belle assurance s'effondre sur ces dix cas dont l'équipe du réseau de surveillance de la MCJ, à Edimbourg, publie les détails, le 6 avril, dans The Lancet. Dix jeunes, de surcroît, morts de ces lésions cérébrales en forme de pétales de fleur si caractéristiques de la maladie de la vache folle. Le dégoût pour l'agro-industrie qui a «rendu les vaches carnivores» et folles se double d'une grande peur. La nouvelle maladie humaine, causée par un agent infectieux non identifié, de longue incubation, fatale, en évoque irrésistiblement une autre: «Le spe