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Libération

La digestion survolte les bactéries

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publié le 19 janvier 2002 à 21h44

Il y a de la magie là-dessous. Et, peut-être, une recette pour les batteries du futur. Prendre un récipient et le remplir d'eau et de sédiments prélevés au fond des océans. Ajouter un zeste de bactéries Desulfuromonas acetoxidans et plonger deux électrodes, l'une dans la boue et l'autre dans l'eau, reliées à une petite ampoule. Elle s'allume! Telle est la prouesse réussie par une l'équipe de Derek Lovley à l'université du Massachusetts et annoncée hier dans la revue Science.

Aquarium. Il y a quelques mois, une autre équipe avait montré qu'il était possible de récupérer de l'électricité en plongeant une électrode dans les sédiments marins et en positionnant une seconde électrode dans l'eau pour former les deux pôles d'un circuit électrique. Elle avait aussi constaté que l'«assassinat» des bactéries stoppe toute production électrique. Cette fois, les chercheurs de l'université du Massachusetts sont parvenus à reproduire le mécanisme en laboratoire, dans un aquarium d'eau salée. Les bactéries produisent, en digérant les matières organiques prélevées au fond de la mer, un surplus d'électrons qui peut être capté par les électrodes pour alimenter un circuit électrique. L'ensemble délivre, en laboratoire, une puissance de 16 milliwatts par mètre carré d'électrodes. Plus étonnant, les bactéries y ont pris goût: l'analyse des électrodes de graphite après plusieurs semaines d'expérience a montré une accumulation des bactéries D. acetoxidans qui ont proliféré au détriment des autres bac