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Libération

L'empreinte montrée du doigt

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publié le 24 janvier 2002 à 21h47

Washington, de notre correspondant.

Jusque-là, rien n'était plus solide qu'une empreinte digitale. Depuis le début du XXe siècle, aucun alibi ne tenait la route face à une trace de doigt ensanglantée. Lorsqu'ils tombaient sur une empreinte, les enquêteurs étaient heureux, car leur découverte écartait à leurs yeux tout risque d'erreur judiciaire. Au début du mois, pourtant, un juge fédéral de Philadelphie a surpris en décidant que la dactylo scopie était peut-être un art, mais pas forcément une science.

Solidité. Dans un jugement rendu le 7 janvier, en marge de l'affaire «United States vs Plaza» (règlement de comptes sanglant entre mafieux portoricains), le juge Louis Pollak a estimé qu'il était scientifiquement impossible à des experts d'affirmer que deux empreintes étaient «identiques». Il ne remet pas en cause l'intérêt de la dactyloscopie, et admet que chaque individu a des empreintes digitales uniques. Mais il jette un doute sur la solidité des comparaisons. Selon lui, les experts ne peuvent affirmer à 100 % que deux empreintes correspondent: ils doivent s'en tenir à présenter au jury les ressemblances (et les différences) entre deux empreintes.

Ce jugement est pris très au sérieux, car il s'inscrit dans un mouvement général de remise en cause. En 1999, à Philadelphie déjà, un avocat avait pour la première fois contesté le caractère scientifique de la «preuve par l'empreinte» lors d'un procès. Il avait été débouté, mais son argumentaire avait fait tache d'huile: une vingtai