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Libération

Les tribulations de la Vénus hottentote

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Anthropologie. Controverse autour de la restitution des restes à l'Afrique du Sud.
publié le 21 février 2002 à 22h20

Saartjie Baartman retournera en Afrique du Sud. Deux siècles après sa mort, la dépouille de cette femme khoisan surnommée la Vénus hottentote devrait quitter les collections du musée de l'Homme de Paris. Avec une unanimité rare, les députés devraient voter aujourd'hui une proposition de loi dans ce sens. Devançant les désirs d'un gouvernement sud-africain plus embarrassé qu'empressé.

Exhibée, exploitée et humiliée en Angleterre puis en France pour les particularités de son corps, des fesses impressionnantes et les petites lèvres du sexe étirées, Saartjie Baartman fut disséquée et étudiée en 1816 par Cuvier. Puis le moulage de son corps et son squelette furent exposés au musée de l'Homme. Et certains organes conservés dans des bocaux. En France, entre la bonne conscience des politiques, le politiquement correct surréaliste des scientifiques, le brouillage de pistes pratiqué par le musée de l'Homme, les pataquès se sont succédé. Au point qu'on s'est demandé si les restes de Saartjie Baartman existaient bien.

Au troisième étage du musée de l'Homme, place du Trocadéro, dans l'immense salle qui abrite les collections du laboratoire d'anthropologie (30 000 pièces recensées), les restes de Saartjie Baartman sont bien là. Le moulage, pudiquement entouré façon paréo d'un tissu mauve, se tient dans une caisse en bois ; le squelette repose dans une de ces immenses armoires grises où sont alignés 600 squelettes mais aussi 16 000 crânes, beaucoup du XIXe siècle. Figurent notamment des homm