Menu
Libération

Les horloges très sympathiques livrent leur mystère

Article réservé aux abonnés
Physique. Des Américains analysent les balanciers synchrones de Huygens.
publié le 1er mars 2002 à 22h27

Nous sommes en l’an 1665. Partis conquérir les océans, les explorateurs peinent à se positionner sur les cartes. Faute d’outils précis pour mesurer le temps, il leur est impossible de déterminer correctement la longitude. Pour pallier ce manque, le savant néerlandais Christiaan Huygens rassemble deux horloges à balancier sur un support lourdement lesté. Ainsi, estime-t-il, il y aura toujours une horloge en état, et les marins pourront faire le point. Puis, souffrant, Huygens garde la chambre. Il n’a d’autre occupation que d’observer ses horloges. Surpris, il constate que les deux balanciers oscillent systématiquement en opposition, comme si l’un était le miroir de l’autre. Que l’on perturbe le mouvement et, trente minutes plus tard, le couplage reprend ses droits. L’explication viendra trois siècles plus tard (1).

«Huygens pensait que ce couplage permettrait d'avoir une mesure précise de l'heure», raconte Mike Schatz, de la Georgia Tech University (Gatech). «Mais l'Anglais Robert Hooke fit remarquer que, si le moindre effet modifie le fonctionnement du balancier, l'heure d'une horloge secouée en mer serait très imprécise. Il avait raison, et il fallut attendre le XVIIIe siècle pour résoudre le problème des longitudes.»

Réplique. Pour percer les mystères de la double horloge de Huygens, Schatz et son équipe en ont construit une réplique. Mais, pour y parvenir, ces chercheurs ont d’abord demandé à Heidi Rockwood, du département de langues du Gatech, de se pencher sur les