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Libération

La balkanisation de l'Europe spatiale

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Les politiques nationales prennent le pas sur une vision globale.
publié le 2 mars 2002 à 22h28

«Il faudrait y mettre un peu d'ordre.» Le souhait est de Roger-Maurice Bonnet, directeur scientifique du Cnes, l'agence spatiale française, et porte sur la stratégie européenne d'observation de la Terre. Car ordre il n'y a pas. Une situation pour le moins paradoxale au moment où l'Agence spatiale européenne (ESA) lance Envisat, donnant ainsi à l'Europe un outil précieux, fruit de l'intense mobilisation autour de l'environnement planétaire et du changement climatique lors du Sommet mondial de Rio, en 1992. Au moment, surtout, où l'enjeu stratégique ­ économique, diplomatique (accords de Kyoto sur le climat) et de sécurité civile et militaire ­ de l'information satellitaire n'a jamais semblé aussi évident. Les efforts persistants outre-Atlantique le prouvent. Mais aussi le ton nouveau des militaires français qui ont fait la liste des satellites (télécoms, observation, écoute) dont ils ont besoin pour conclure que si aucun pays ne peut se les payer, le paquet est à la portée des moyens de l'Union européenne.

«Pragmatisme». Pourtant, la stratégie européenne post-Envisat manque de clarté. Au prétexte d'un virage technologique justifié ­ plus de grandes plates-formes mais des petits satellites spécialisés ­, les politiques nationales ont repris du poil de la bête au détriment d'une vision européenne. Pire, le refus de certains pays de voir l'ESA se mêler de satellites d'observation dits «duals» susceptibles d'être utilisés par les armées des pays membres de l'Union européenne a con