Kourou (Guyane)
envoyé spécial
Dans la nuit guyanaise, les fusées partent à l'heure. C'est donc à 2 h 7 min et 59 s (heure de Paris), comme annoncé depuis un mois, qu'Ariane s'est envolée, vendredi matin. Précision diabolique, exigée par les responsables du satellite géant Envisat, plus de 8 tonnes, le plus lourd et le plus grand jamais construit en Europe, pour le placer juste sur la trace du satellite radar ERS2, mais pile une demi-heure plus tôt par rapport à l'horaire initialement prévu.
Grondements. Le scénario, grand principe de cette artillerie puissante mais douce qu'est la mise en orbite d'un satellite, était écrit dans ses moindres détails. Mais le plus difficile, à chaque fois, est de le réaliser à la seconde près. De bon augure, tous les panneaux lumineux de Jupiter, l'imposante salle de contrôle du Centre spatial guyanais, sont restés au vert durant un compte à rebours ininterrompu. Même la météo saluait l'envol du géant. Vents très faibles en altitude et un ciel noir presque sans nuages, constellé d'étoiles.
A l'instant prévu, le moteur principal, combinant oxygène et hydrogène, démarre. Quelques secondes d'attente, pour vérifier son fonctionnement, puis les deux propulseurs latéraux font parler la poudre. D'énormes flammes jaunes lèchent les déflecteurs du pas de tir, et Ariane s'élève, droite et véloce. Aussitôt, l'incroyable puissance lumineuse des propulseurs frappe violemment les pupilles, illumine le ciel, qui passe du noir au gris crépusculaire, et éteint br