Cayenne envoyé spécial
En décembre dernier, la première mission scientifique sur «le radeau du marais de Kaw» a mis face à face Daniel Guiral, spécialiste des zones humides à l'Institut de recherche pour le développement (IRD), et le caïman noir (Melanosuchus niger), sept cents kilos pour sept mètres de long. Ce rendez-vous était le résultat, tant attendu, de plusieurs années de lobbying patient pour installer ce curieux laboratoire. Une plate-forme déposée par hélicoptère le 4 décembre 2001 sur une mare permanente, pour étudier, décrire et comprendre le fonctionnement de ce qui est certes l'un des derniers sanctuaires de ces reptiles, mais surtout «la plus grande zone humide de France».
«Site Ramsar». Le marais de Kaw, explique le chercheur, «c'est cent dix mille hectares de marécages ponctués de mares permanentes, plus grand que la Camargue». Classé réserve naturelle depuis 1998, et «site Ramsar», du nom de cette ville indienne où l'ONU a décidé de dresser la liste des zones humides les plus importantes à l'échelle planétaire. Souvent pour en organiser la défense contre la chasse ou l'assèchement pour l'agriculture. Un destin qui ne menace guère le marais de Kaw, une zone inaccessible où toutes les tentatives d'agriculture se sont lamentablement terminées. D'où le paradoxe souligné par Guiral : «On protège... mais on ne sait pas bien quoi puisque les scientifiques n'ont même pas de catalogue des espèces du marais.» L'idée de ce radeau remonte au milieu des années 1990, lorsq