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Libération

Le prion aime le steak de souris

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publié le 19 mars 2002 à 22h38

«Des prions dans le muscle». Le titre de l'article scientifique publié aujourd'hui dans les Comptes rendus de l'Académie américaine des sciences (Pnas) a de quoi frapper le lecteur à l'estomac, d'autant plus qu'il est signé par l'Américain Stanley Prusiner, prix Nobel, découvreur de la «protéine infectieuse».

Classement. Le muscle est la matière même de la viande que l'on mange. Or il était entendu que ce tissu n'était pas porteur de prion. Dès le début des années 90, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) avait classé le muscle dans la catégorie des tissus dont l'infectiosité n'a jamais été détectée. Depuis, aucune expérience n'a justifié son déclassement. Aussi les autorités sanitaires n'ont-elles cessé de marteler que le steak est sûr, fût-il sorti de la cuisse d'une vache folle. Or voilà que le laboratoire de Stanley Prusiner (université de Californie à San Francisco) publie des travaux troublants, du moins chez la souris. Il affirme avoir détecté des quantités relativement importantes de prions dans des muscles de souris contaminées expérimentalement. Feu l'immunité du muscle face au prion.

130 cas. Cette découverte est de première importance au plan fondamental, lorsqu'il s'agit de comprendre quels relais emprunte la forme pathogène de la protéine prion dans sa longue route vers le cerveau. En revanche, au plan de la santé publique, son interprétation est des plus problématiques. L'étude américaine, menée sur la souris, ne permet pas de prédire ce qui se passe dans le