Dans le froid de l'espace, les photons du bébé Soleil ont fabriqué les briques de la vie. Puis, une fine pluie de micrométéorites les a déposées sur la Terre, à l'aube de son existence. Hypothèse ou scénario scientifiquement valide ? A priori, la science l'emporte. La démonstration vient d'être faite par deux équipes l'une aux Etats-Unis, l'autre en Europe qui publient leurs résultats dans la revue Nature (1). Ces chimistes ont recréé, dans des enceintes à vide, les conditions régnant autour du proto-Soleil et de la Terre, afin d'y tester une idée simple : pouvaient-elles produire en masse certains des vingt acides aminés à partir desquels les protéines et les acides nucléiques sont formés ? La «réponse est oui», affirme Bernard Barbier, du Centre de biophysique moléculaire d'Orléans (CNRS), qui a eu la lourde charge d'identifier ces molécules.
Mixture glacée. L'aventure a commencé à Leyden, aux Pays-Bas, au printemps 2001, lorsqu'une équipe de chimistes néerlandais, allemands et français a recréé «un milieu mimant celui que l'on aurait pu trouver, il y a quatre milliards et demi d'années, autour de la Terre», explique-t-il. D'abord, il leur a fallu une enceinte très vide. Puis, du froid : 12 kelvins, soit - 260 °C, représentatif de la température régnant dans les nuages de gaz et de poussières à partir desquels se forment étoiles et planètes. Dans cette enceinte, un «doigt» d'aluminium recouvert d'une mixture glacée, formée d'eau, de méthane, d'éthanol, de monoxyde de ca