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Libération

La guerre du génome du riz a déjà commencé

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publié le 5 avril 2002 à 22h56

Les millions de personnes dont la vie tient à un bol de riz ignorent certainement ce qui se trame : une formidable joute scientifique assaisonnée d'un nuage de spéculations financières. La revue américaine Science publie aujourd'hui la séquence du génome des deux sous-espèces de riz les plus cultivées sur la planète : Oriza indica, au grain long, et Oriza japonica, au grain rond. Un génome décrypté, un de plus ? Certes pas. Le riz est la plus importante source de calories des pays pauvres ; le séquençage de son patrimoine génétique aura des répercussions, à court terme, bien plus importantes que celle du génome humain, tant célébrée en février 2001.

Défi. Car, à la différence de l'homme, la plante est l'objet de programmes de sélection génétique permettant l'amélioration de ses performances. Pour cet eugénisme-là, familier aux créateurs de variétés végétales, il faut repérer les plants qui portent les «bons gènes», discernement aisé si l'on connaît la séquence biochimique desdits gènes. «La découverte de la séquence du riz va permettre d'identifier, dès les mois à venir, des gènes de l'amidon, de la résistance au froid, de la floraison... et de les utiliser dans les programmes de sélection du riz», commente Christian Poisson, chercheur au Cirad. Tant mieux, car il y a urgence. «Il faut que d'ici vingt-cinq ans, la production de riz augmente de plus de 50 %, ajoute-t-il. Cela passera par la mise au point de variétés qui auront un rendement plus fort à l'hectare ou qui seront c