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Libération

Morts à la chêne

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publié le 14 mai 2002 à 23h27

Le chêne semble saigner, la sève suinte et devient rouge. En quelques mois, l'arbre est mort. Les Américains appellent cette nouvelle maladie la SOD (Sudden oak death), la «mort subite du chêne». Elle ne touche que des espèces américaines non présentes chez nous. Pourtant, l'Europe est sur le pied de guerre. Car si elle était introduite, la maladie ­ en fait, un champignon ­ pourrait être dévastatrice. En l'absence de remède, seule la prévention sauvera le chêne. En France, le sujet embarrasse le service de la protection des végétaux (ministère de l'Agriculture), qui invoque le devoir de réserve pour garder le silence. Une enquête vient pourtant d'être lancée sur l'ensemble du territoire.

Phytophthora ramorum. Dans les années 70, la graphiose de l'orme, un autre champignon microscopique, avait fait disparaître 90 % des ormes champêtres en France. Si les chercheurs ont réussi à créer un hybride résistant au parasite, on est loin d'avoir reconstitué le parc. Ces deux dernières années, des milliers de chênes sont morts aux Etats-Unis, notamment en Californie et dans l'Oregon. Le champignon responsable de cette mort subite, Phytophthora ramorum, se déplace par voie aérienne et a été identifié en 2000. Ce parasite avait déjà été détecté dans des pépinières aux Pays-Bas et en Allemagne en 1993, mais sur des rhododendrons. «Nous avons affaire à deux populations de parasites», explique Claude Delatour, directeur de recherches à l'Inra, qui est allé constater les dégâts aux Etats-Unis