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Stephen Jay Gould est mort

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Le paléontologue darwinien avait 60 ans.
publié le 22 mai 2002 à 23h32

L'homme ? «Un accident de l'évolution.» Sens des formules, habileté médiatique, conteur impénitent... Stephen Jay Gould, paléontologue américain, est décédé avant-hier à New York, à 60 ans, victime d'un cancer du cerveau. Le célèbre professeur de Harvard, où il officia toute sa carrière, termine une double vie de scientifique et de vulgarisateur.

Paléontologue brillant, il apporte une contribution remarquée à la théorie de l'évolution, notamment sur les relations entre ontogénèse (développement de l'individu) et phylogénèse (formation des espèces). Dans les années 1970, en s'appuyant sur les mollusques marins dont il est spécialiste, il «dynamite» les positions «dogmatiques» des tenants d'une évolution «toujours graduelle», se rappelle Simon Tillier, directeur de l'Institut de systématique au Muséum national d'histoire naturelle, qui disséqua pour lui quelques escargots de mer. Avec son compère Niles Eldrege, il met en avant les «équilibres ponctués» décrivant mieux ces séries paléontologiques où les espèces montrent de longues phases sans changements morphologiques, entrecoupées de périodes de variations rapides.

Très médiatisée, la discussion scientifique sera souvent déformée en polémique «pour ou contre» Darwin, alors qu'en réalité Gould enrichit la théorie du grand Charles et ne la contredit pas, s'élevant contre une vision trop étroite. Ce qui sera source d'une grande «clarification», se souvient Tillier.

Pour le grand public, il restera surtout l'un des vulgarisateurs du