L'archéologie était réservée, croyait-on, aux civilisations humaines : la voilà qui étend son champ d'activité à d'autres primates. Pour la première fois, un site archéologique a été consacré à des travaux de chimpanzés, en l'occurrence le cassage de noix, et étudié avec les méthodes réservées à cette discipline. La recherche (1) montre que, comme les hominidés ancêtres de l'homme, les chimpanzés utilisent depuis longtemps des pierres comme outils.
Partage. C'est dans la forêt tropicale de Taï en Côte-d'Ivoire, endroit qui reçoit environ 2 000 mm de précipitations par an, que Christophe Boesch, primatologue de l'institut Max-Planck à Leipzig, et sa femme Hedwige suivent les chimpanzés depuis 1979. Tous deux ont montré comment les jeunes acquièrent la technique du cassage de noix et comment les mères partagent ces noix avec leurs enfants quand ils ne sont pas capables de se nourrir eux-mêmes. Ce processus n'a été constaté par ailleurs qu'au Liberia et en Guinée-Conakry. Il s'agit donc, selon les primatologues, d'un comportement culturel qui distingue une population d'une autre.
Il faut sept ans environ à un chimpanzé pour apprendre à casser une noix de panda, les noix les plus dures de toute l'Afrique subsaharienne. Grosses comme des balles de tennis, elles requièrent une pression de 1 100 kg. En général, ce sont les femelles qui s'y collent. Pour réaliser ce travail, les chimpanzés utilisent des outils : des marteaux de pierre qu'ils prélèvent sur des excroissances de la roche