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Libération

Des Gouttes de vie sous 4 km de glace

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publié le 28 mai 2002 à 23h37

Cette semaine, à Washington, le gratin mondial des sciences de la Terre se retrouve au traditionnel «meeting de printemps» de l'American Geophysical Union. Et ce matin, c'est une équipe franco-russe qui devrait tenir la vedette, lors d'une séance entièrement consacrée au lac Vostok, caché sous quatre kilomètres de glace au coeur de l'Antarctique. Jean-Robert Petit, glaciologue grenoblois, et Sergeï Bulat, de Saint-Pétersbourg, y feront une révélation : il y a bien de la vie ­ des bactéries ­ dans ce lac mystérieux. Mais pas celles qu'ont cru y trouver, à tort, leurs collègues américains.

Négociations. L'affaire du lac Vostok commence en janvier 1998. Là, sous la station du même nom, les foreurs russes ont réalisé en 1985 un carottage célèbre, profond de 2 200 mètres. C'est lui qui, analysé au Laboratoire de glaciologie de Grenoble par l'équipe de Claude Lorius, révélera que la température globale et les teneurs de l'air en gaz à effet de serre évoluent de conserve depuis 150 000 ans. Une découverte en grande partie à l'origine des négociations internationales sur le climat. Mais les foreurs ont continué, jusqu'à la profondeur record de 3 623 mètres atteinte en janvier 1998.

S'ils ont stoppé net, c'est que les radars avaient averti que le carottier allait, 120 mètres plus bas, pénétrer dans de l'eau. Un rendez-vous à éviter. La pression infernale de 350 atmosphères, due à l'énorme masse de glace, promettait une rencontre explosive entre l'engin et le liquide. En outre, un soupç