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Libération

L'Atalante fait moisson dans les abysses

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publié le 8 juin 2002 à 23h52

Retour de campagne prodigue pour l'Atalante, le navire amiral de l'Ifremer. Du 30 avril au 3 juin, il a permis à une équipe de scientifiques (1) d'étudier, par 2 600 mètres de fond au large du Mexique, un site extraordinaire et de rapporter des images surprenantes de la vie des abysses.

Là, sur la dorsale Pacifique ­ «la ride où se forme le plancher océanique», rappelle Françoise Gaill (université Pierre-et-Marie-Curie, Jussieu) ­, les océanographes ont repéré, il y a vingt ans déjà, des communautés animales singulières vivant sur et autour de geysers d'eaux brûlantes et toxiques. Totalement indépendantes de l'énergie solaire et de la photosynthèse, elles vivent de chimiosynthèse et, souvent, en symbiose avec des bactéries. Grands vers s'abritant dans des tubes solides, annélides, crustacés... ces écosystèmes peu divers, mais très denses, se retrouvent ça et là, près des sources hydrothermales, tout au long des 60 000 km de dorsales océaniques ­ «le système volcanique le plus long de la planète», explique Françoise Gaill.

Noir absolu. Ces écosystèmes et ces animaux sont encore très mystérieux. Les biologistes s'interrogent sur leur rythme d'évolution, leur capacité de colonisation des sources hydrothermales nouvelles. Et surtout sur les inventions moléculaires, physiologiques et comportementales leur permettant de vivre dans cet environnement extrême : noir absolu, pressions énormes, températures de l'eau entre 2 °C et plus de 100 °C, et teneurs en minéraux soufrés mortelles p