Peut-on faire cohabiter bestioles des abysses et puits de pétrole ? La question pourrait devenir sérieuse puisque les pétroliers vont chercher le précieux fluide de plus en plus profond, sous plusieurs milliers de mètres d'eau. Réponse encore bien vague puisque lesdites bêtes sont bien mal connues. D'où l'intérêt de la mission Biozaïre-2, au large de l'Angola, réalisée en décembre 2001 avec l'Atalante, et dont l'Ifremer et TotalFinaElf (qui l'a financée en partie) viennent de dévoiler les premiers résultats (1).
Oasis de vie. «Nous sommes par 3 000 mètres de fond, sur le site Regab. Là, de grands vers, ici des sortes de clams, des crevettes, des moules, un véritable tapis bactérien... et les chapelets de bulles que vous voyez sont du méthane qui s'échappe des sédiments.» Accompagnant les superbes images prises par le robot sous-marin Victor, les commentaires sont de Myriam Sibuet, la biologiste qui dirigeait cette mission. Elle décrit une oasis de vie découverte lors d'une mission précédente, densément peuplée d'animaux de grande taille, mais perdue au milieu de l'immensité des fonds océaniques où l'on ne trouve en général que des bactéries ou de minuscules vers et crustacés vivant des particules tombant de la surface.
Une oasis dont l'existence est due aux processus géologiques à l'origine du pétrole, un écosystème totalement indépendant de l'énergie solaire. Il repose sur des bactéries chimiosynthétiques et autotrophes, capables d'utiliser le méthane comme source d'énergie