L'opportunisme scientifique a parfois quelque chose de savoureux qui tient du culot. Au lendemain du 11 septembre, alors que les Américains sont complètement sonnés par les attentats, les scientifiques de l'université de Wisconsin-Whitewater se régalent. L'administration fédérale de l'aviation vient d'ordonner l'annulation de tous les vols commerciaux. Pendant trois jours, les avions restent au sol, laissant le ciel américain totalement vierge. Une situation inédite pour les chercheurs qui souhaitent mesurer l'impact des traînées blanches de condensation des avions sur le climat. «Nous n'aurions jamais espéré une telle occasion», reconnaît David Travis, spécialiste de l'atmosphère à l'université du Wisconsin et auteur de l'étude publiée hier dans Nature. «Parfois, en science, il faut savoir tirer avantage des opportunités comme elles viennent sans trop se soucier du tragique. C'était la première fois en cinquante ans que tous les avions commerciaux restaient au sol pendant autant de temps.» Zéro avion dans le ciel à la place des
90 000 qui, chaque jour, décollent du territoire américain, cela fait en effet une sacrée différence.
4 000 stations. Pendant trois jours, l'équipe de Travis a recueilli les amplitudes de températures diurnes (la différence entre la plus haute et la plus basse température de la journée) auprès de 4 000 stations météo disséminées dans 48 Etats américains, l'Alaska et Hawaii étant exclus pour cause de conditions climatiques spécifiques. Ils ont comparé c