Tels de vrais chefs de gang sans pitié, certaines fourmis marquent leur rival avec un produit chimique qu'elles émettent pour le faire ensuite éliminer par leurs subordonnées. Elles utilisent cette stratégie pour maintenir leur rôle de reproduction et s'assurer une descendance. En étudiant longuement au Brésil le comportement d'une espèce locale, Dinoponera quadriceps, Thibaud Monnin, biologiste dans une unité mixte CNRS-université de Jussieu, a découvert ces moeurs particulières (1).
Dinoponera quadriceps, la fourmi terrible, est une des plus grosses qui existent avec ses 3 centimètres de long. Cette espèce, contrairement à beaucoup d'autres, ne possède plus de reines. Potentiellement, toutes les fourmis femelles peuvent se reproduire. Dans la réalité, une seule femelle par colonie, dite femelle alpha, sorte de femelle dominante, se reproduit. La hiérarchie est linéaire chez ces fourmis, derrière Alpha se trouve Beta, puis Gamma, puis toutes les autres dominées. Lorsque Alpha se sent menacée dans son rôle de reproductrice par une autre, alors là, pas de pitié, elle la fait éliminer du jeu.
Morsures. Pour cela, elle s'approche de sa concurrente, courbe l'abdomen et frotte son aiguillon contre elle tout en éjectant une phéromone, une substance chimique. Alpha peut s'en retourner tranquille vaquer à ses occupations. La femelle marquée n'a plus aucune chance : les ouvrières, alertées par la substance, s'approchent d'elle, la mordent, lui saisissent pattes ou antenne et l'immobili