Cinquante mille antiatomes. C'est la dernière et spectaculaire livraison des physiciens du Cern, le laboratoire européen de physique des particules installé près de Genève. Pas encore assez d'antimatière pour propulser les vaisseaux de Star Trek à l'autre bout de la galaxie, mais un formidable succès puisque l'on comptait lesdits antiatomes produits jusque-là sur les doigts des mains. L'équipe internationale de l'expérience Athena elle a démarré cet été annonce ce matin dans la revue Nature (1) avoir fabriqué et détecté sans équivoque 50 000 antiatomes d'hydrogène (ou d'atomes d'antihydrogène) formés d'un antiproton autour duquel tourne un antiélectron aussi baptisé positon.
Détail. Découverte en 1928, cachée dans ses équations, par le physicien Anglais Paul Dirac, l'antimatière est la copie conforme de la matière... à un détail près : ses charges sont opposées. Un peu comme l'image dans un miroir, ou le négatif d'une photo. Ce détail est toutefois explosif : matière et antimatière ne peuvent cohabiter. Dès que l'une entre en contact avec l'autre, elles s'annihilent mutuellement, totalement, et se transforment en énergie. A côté, la bombe nucléaire, c'est un gros pétard. A l'inverse, lorsque c'est l'énergie qui se transforme en matière, elle produit à peu près 50 % de l'une et de l'autre. Seule une légère préférence un milliardième pour la matière permet à cette dernière de subsister à la fin de l'opération... c'est d'ailleurs ce qui s'est produit lors du big-bang, il