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Libération

Les travaux révolutionnaires du chercheur fraudeur

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publié le 5 octobre 2002 à 1h20

On le disait nobélisable, prêt à s'envoler pour Stockholm. Il n'aura été qu'une étoile filante. L'Allemand Hendrik Schön a été licencié des Bell Labs, l'un des temples de la physique (1). Un rapport publié le 25 septembre par un comité de scientifiques indépendants confirme que le chercheur a arrangé, parfois falsifié, une vingtaine de travaux publiés dans des revues scientifiques, dont les très prestigieuses Science et Nature. Pas moins de vingt personnes avaient cosigné un ou plusieurs papiers du jeune chercheur allemand. A 27 ans, Hendrik Schön avait été recruté en 1997 par les Bell Labs, avant même la fin de sa thèse en Allemagne. Le rêve d'une vie pour bien des jeunes physiciens. Véritable stakhanoviste, il a multiplié les découvertes ; ses travaux forçaient l'admiration. Au point de le faire entrer cette année dans le «Top 100» des chercheurs «dont les idées vont changer le monde» élaboré par la Technology Review du Massachussets Institute of Technology.

Coïncidence. Et pour cause. Octobre 2001, le chercheur annonce dans Nature la mise au point d'une puce électronique formée d'une seule couche de molécules. Deux mois plus tard, rebelote, dans Science. Cette fois, le composant élémentaire n'est plus fait que d'une seule molécule : il révolutionnera à coup sûr l'industrie électronique, annoncent triomphalement les Bell Labs. Mais en avril 2001, des chercheurs ­ non identifiés ­ des Bell Labs contactent deux collègues hors de l'institution pour leur signaler d'étranges sim