Pas de grève, jamais d'arrêt maladie et encore moins de 35 heures. Les «nanouvrières» de Tetsuo Kondo et de ses collègues japonais et américains travaillent sans relâche pourvu qu'on les nourrisse. Les cinq scientifiques expliquent, dans les Annales de l'Académie américaine des sciences comment ils sont parvenus à fabriquer de longues fibres de cellulose de quelques milliardièmes de mètres d'épaisseur à l'aide de bactéries (1).
Ruban. Tous les spécialistes en sont conscients, les promesses des nanotechnologies ne seront tenues que s'il est possible de connecter des structures moléculaires (composants, moteurs, balances, etc.) à notre échelle macroscopique. D'où l'idée de recourir aux bactéries pour profiter des aptitudes qu'elles ont acquises au cours de l'évolution. Ainsi, Acetobacter xylinum passe le plus clair de son temps à sécréter de la cellulose. Un ensemble de minces fils qui forment un ruban d'une dizaine de nanomètres d'épaisseur (2). Par simple effet d'action et de réaction, l'éjection de la cellulose par la bactérie propulse cette dernière vers l'avant.
Spirale. D'ordinaire, le mouvement de la bactérie Acetobacter xylinum est circulaire et les fibres s'enchevêtrent en spirale. Mais en déposant une trame sur un support, l'équipe de Tetsuo Kondo est parvenue à guider le déplacement et la production de cellulose des bactéries. Celles-ci avancent à une vitesse de 2 000 à 4 500 nanomètres par minute. Les «nanouvrières» profitent également du moindre défaut dans la t