Entre la restauration de tableau et la mécanique des fluides, a priori, rien à voir. Mais deux scientifiques les ont fait se rencontrer. Guillermo Sapiro, chercheur à l'université du Minnesota, passionné d'art, et Andrea Bertozzi, professeure de mathématiques et de physique à l'université de Duke en Caroline-du-Nord, ont élaboré un algorithme qui permet de restaurer automatiquement une image endommagée sans que cela se remarque. Le procédé s'appelle l'inpainting.
Intuition. Habituellement, la restauration est une affaire manuelle, chronophage et imparfaite. Devant une oeuvre d'art abîmée, le travail de réfection pour faire correspon dre les couleurs, les textures, les ombres et la structure prend des mois, voire des années. En observant des restaurateurs en plein travail, Guillermo Sapiro a eu une idée : mettre leurs ges tes en équations, piéger la méticulosité et la précision d'une restauration dans un algorithme. Son intuition : la restitution d'une zone picturale perdue s'inspire de la mécanique des fluides, une partie de la physique qui étudie le comportement des gaz, de l'air, de l'eau au repos ou en mouvement. Les chercheurs ont considéré la zone manquante d'une ima ge comme un «trou» et l'information environnante comme de l'eau bloquée par un mur, en l'occurrence les contours du trou. «Nous avons cherché à libérer cette eau et à la laisser remplir le trou dans la continuité des motifs alentour», expli que Guillermo Sapiro. L'algorithme sert donc à propager une informat