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Libération

Décès du physicien Pierre Aigrain

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publié le 5 novembre 2002 à 1h39

Pierre Aigrain est mort le 30 octobre, annonçait hier l'Académie des sciences. Et c'est un pan entier de l'histoire de la science et de la technologie française qu'il emporte avec lui. Né en 1924, il se préparait à une carrière de pilote de chasse, l'Ecole navale l'envoie donc aux Etats-Unis pour sa formation, après la Seconde Guerre mondiale. Pilote plutôt maladroit, il y fait la rencontre d'une technologie naissante, les semi-conducteurs et le transistor, au Carnegie Insitute de Pittsburgh, où il décroche un doctorat.

«Parrain». Il revient en France en 1948 pour y fonder la microélectronique au labo d'Yves Rocard à l'Ecole normale supérieure. Physicien imaginatif, «parrain» prolifique de poulains aussi productifs que le prix Nobel Pierre-Gilles de Gennes, il crée son laboratoire à la force du poignet et avec des méthodes de commando. C'est l'époque, racontera-t-il plus tard, où il n'hésite pas à récupérer du matériel piqué aux Allemands par l'armée en utilisant uniformes et faux ordres de mission. Aigrain sera aussi un vigoureux organisateur d'une recherche scientifique en construction. Il joue un rôle important dans l'essor de la recherche publique sous de Gaulle et Michel Debré, entre 1959 et 1962. Epoque d'où date cette anecdote significative : lors d'une réunion, il réclame une hausse de 12 millions de francs pour la recherche. Le secrétaire d'Etat aux Finances, Giscard d'Estaing, concède 2 millions et le Premier ministre Michel Debré arbitre dans la seconde : «Ce sera