Longue vie à notre amie la souris : tel était le message des travaux publiés jeudi dans l'hebdomadaire scientifique Nature, dévoilant le génome du plus fidèle serviteur des sciences de la vie (1). Message exaucé le lendemain : une ribambelle de souris plus vieilles que nature et néanmoins fringantes ont surgi sur le site Internet de cette même revue, effet magique d'une publication qui fera date, nul n'en doute, dans la recherche sur les outrages du temps.
Longue traque. Dans un article scientifique adressé à Nature, Martin Holzenberger et ses collègues de l'Inserm révèlent qu'ils ont réussi, par une habile manipulation génétique, à créer des souris mutantes dont la durée de vie est en moyenne 26 % plus longue que la normale. «Des centenaires», pourrait-on dire en osant l'anthropomorphisme : «La durée de vie moyenne des souris est de 600 jours, explique Martin Holzenberger, qui a travaillé sous la direction d'Yves Le Bouc. Les mutants que nous avons obtenus vivent en moyenne 900 jours. Certains ont tenu 1 000 jours.» Ou plutôt certaines. Car les femelles, dans cette famille mutante, tiennent le record, de façon mystérieuse : 33 % d'allongement de la vie en moyenne, contre 16 % pour les mâles.
Quel est donc le secret de ces souris au long cours ? Leur mutation, bien sûr, qui ne doit rien au hasard et tout à une longue traque dont la source remonte aux années 50. A cette époque-là, des biologistes identifient, parmi les milliers de mutants produits par des moyens chimiques, un r