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Les Bédouins du sixième continent.

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Quinze jours de descente vers le pôle Sud dans un désert de glace aux pièges innombrables... L¹expédition chargée d¹acheminer les matériaux nécessaires à l¹achèvement de la future station scientifique Concordia n¹a pas failli. Récit.
par Sébastien DUMONT
publié le 16 décembre 2002 à 2h08

La descente aux en vers durera 1 100 kilomètres. Toujours plus bas vers le sud, un chasse-neige ouvrant une route impossible sur le plateau Antarctique, le plus gros morceau du sixième continent. Un désert blanc, bombé, plus de 20 fois la superficie de la France et froid comme nulle part ailleurs : jusqu'à -89,6 °C enregistrés en hiver (le coeur d'un homme normalement vêtu lâcherait en quelques minutes). Parti le 18 novembre de la base côtière Dumont-d'Urville, le chasse-neige précède un convoi de sept gros tracteurs Caterpillar, tirant une trentaine de traîneaux chargés de 235 tonnes de matériaux de construction, de nourriture et de carburant. Objectif Dôme C.

Pas tout à fait la lune. Là-bas se termine la future base scientifique Concordia. C'est le premier des trois raids d'approvisionnement de l'été austral. Le plus difficile. Celui qui rouvre la voie. Un défi contre nature, où chaque mètre d'un terrain jamais plat se gagne dans u fn fracas de chenilles. La machine bute, recule, soulève des blocs compacts et des murs de poudre. Le premier jour, Philippe Dordhain conduit en aveugle, l'oeil sur son écran GPS (positionnement par satellite), dans un éblouissement que les travailleurs polaires appellent white out ou «jour blanc».

Troisième station permanente

Le ciel et le sol ne font qu'un. Les bosses invisibles envoient valdinguer le conducteur. Heureusement, cette fois, le blizzard n'est pas du voyage. La veille du départ, ce vent de 100 km/h chargé de neige étouffait encore le