Comment déceler la pollution d'un sol ? En y élevant des escargots ! Le gastéropode, que les gastronomes apprécient noyé dans du beurre à l'ail, est un excellent indicateur biologique. Il rejoint les moules, vers de terre ou abeilles dans la famille des sentinelles naturelles de la pollution. C'est ce que vient de révéler un duo de jeunes thésards de l'université de Franche-Comté. Ils ont utilisé l'Helix aspersa, le petit-gris, comme modèle animal et présenté leurs travaux la semaine dernière, lors du colloque national sur les sites et les sols pollués organisé par l'Ademe (1).
Petit-gris sauce mercure
Renaud Scheifler et Michaël Coeurdassier, chapeautés par Annette de Vaufleury du laboratoire de biologie et d'écophysiologie de l'université de Besançon, ont exposé pendant plusieurs semaines des milliers de petits-gris à différents polluants (des métaux comme le cadmium, le zinc, le plomb ou le mercure). «Pour repérer la substance polluante dans le sol, on s'est dit qu'il fallait déjà vérifier que le gastéropode accumulait des polluants. On en a introduit dans la nourriture ou dans le substrat de l'invertébré, c'est-à-dire le sol utilisé pour l'élever en labo», explique Michaël Coeurdassier. Ils ont placé les bestioles dans des boîtes à souris avec du sol pollué amendé par des boues d'épuration, prélevé in situ, les ont laissés dormir six mois dans des boîtes à camembert (privé d'eau, l'escargot se met en veilleuse) avant de les ressortir et de doser le taux de pollution de leur orga