Des tentacules grosses comme des bras humains. Olivier de Kersauson et ses équipiers, qui tentent de battre le trophée Jules-Verne, se rappelleront longtemps leur rencontre avec un calmar, dimanche soir au large de Madère. L'animal avait câliné la coque de leur trimaran Géronimo (Libération d'hier). Didier Ragot, le second à bord, a vu l'un de ses bras à travers un hublot : l'animal affichait ses «sept, huit ou neuf mètres». Il a fini par se détacher sans avoir à recourir à la hache.
Littérature. «Il a dû se rendre compte que la coque n'avait pas de saveur, s'amuse Michel Ségonzac, de l'Ifremer. Ces animaux chassent profond, mais ils remontent parfois de nuit en surface. La littérature ancienne a produit des illustrations souvent exagérées mais qui montrent que le calmar géant Architeuthis dux n'est pas un mythe.» Il est pourtant considéré, depuis la nuit des temps, comme un monstre capable de s'attaquer aux navires et aux marins. «J'imagine mal une quelconque agressivité chez l'animal», insiste Michel Ségonzac. A l'Observatoire océanographique de Banyuls (Pyrénées-Orientales), Sigurd von Boletsky n'est pas surpris de la mésaventure de Géronimo. «Une taille entre sept et neuf mètres est plausible. La température hivernale des eaux atlantiques est compatible avec la physiologie de l'animal.»
L'animal est très rarement observé vivant. La quasi-totalité des récits portent sur des animaux morts, échoués ou repêchés en mer. L'automne dernier, une expédition avait tenté de filmer le