La nuit prochaine, Ariane s’élancera de Kourou. Un vol banal : la fusée doit lancer un satcom d’Intelsat. Un vol spécial : c’est la dernière Ariane 4. La fin d’une histoire de trente ans, l’ultime envol d’Ariane qui, en dotant l’Europe d’un chemin indépendant vers les étoiles, a bouleversé la donne spatiale mondiale. Résultat bien supérieur aux espoirs du commando qui enfanta le bel engin, dont la gestation dura de 1973 à 1979.
A l'époque où fut lancé le projet Ariane, l'Europe était une naine face aux deux surpuissances, Etats-Unis et Union soviétique. A son actif, quelques modestes satellites scientifiques et une fusée, Europa, dont les quatre tirs en Australie furent loupés. L'affaire va se jouer à Bruxelles. Les Français veulent mordicus un accès indépendant à l'espace. Les Allemands ne parlent que de collaborer avec la Nasa. Les Britanniques militent pour un satellite de télécoms. Miracle belge : on signe pour les trois et l'on y ajoute la création de l'Agence spatiale européenne (ESA).
Ambiance commando
«C'était vraiment l'ambiance commando», se souvient Guy Laslande. En stage dans les locaux du Centre national d'études spatiales (Cnes) à Brétigny-sur-Orge (Essonne), le jeune polytechnicien est repéré par Frédéric d'Allest, chef du projet «lanceur». Ce grand dégingandé sera le leader charismatique de l'équipe qui va concevoir la fusée. A son actif, la petite fusée Diamant qui a lancé Astérix, premier satellite français. Au passif, l'échec cuisant d'Europa. Dès 1973, le ca