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Libération

Le virus qui se prend pour un microbe

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Biologie. Découverte de Mimivirus, deux fois plus gros que ses semblables.
publié le 28 mars 2003 à 22h25
(mis à jour le 28 mars 2003 à 22h25)

«Mimivirus», c'est un bien joli nom pour un nouveau virus. Sauf qu'il n'est pas mimi du tout. Il est énorme, deux fois plus gros que le plus gros des virus connus. Et bizarre avec ça, puisque rien, dans son immense ADN, ne permet de lui trouver une quelconque parentèle dans le monde viral.

Géant et unique : c'est un nouveau monstre que décrivent cette semaine, dans la revue américaine Science, Bernard La Scola, Didier Raoult, Jean-Michel Claverie et leurs collègues chercheurs au CNRS à Marseille. Et s'ils l'ont baptisé «Mimivirus», c'est simplement pour abréger «mimicking-microbe-virus», soit «virus-qui-mime-le-microbe», nom mérité tant il ressemble à s'y tromper à une bactérie de taille correcte. De fait, les chercheurs s'y sont longtemps trompés et ce n'est qu'au terme d'une traque tortueuse qu'ils ont découvert la vraie nature de cette curiosité naturelle... venue du circuit de climatisation de l'hôpital de Bradford, en Angleterre.

L'histoire commence en effet, en 1992, dans cet établissement britannique, alors saisi d'une mystérieuse épidémie de pneumonie. On pense à la maladie du légionnaire, et un microbiologiste du nom de Rowbatham explore les circuits d'air conditionné où aime nager la légionelle, bactérie responsable de l'infection. Il prélève des échantillons d'eau réfrigérée et isole des norias d'amibes. Rien, jusque-là, que de très normal. «La plupart des amibes sont sans danger pour l'homme et on en avale tous les jours dans l'eau du robinet», explique Didier Raou