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Libération

90% des gros poissons ont disparu

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publié le 15 mai 2003 à 23h00

On pensait la situation mauvaise. C'est pire. Résumé, voici le message que deux halieutes ­ spécialistes ès populations de poissons ­ publie aujourd'hui dans Nature. Ransom Myers et Boris Worm ont analysé une compilation des données sur les gros poissons prédateurs (morues, thons, espadons, requins, églefins, raies, colins, flétans...) et cibles favorites des pêcheurs. Classique, sauf qu'ils ont réussi à contourner une difficulté méthodologique majeure : en général, on a commencé à compter les poissons après avoir démarré la pêche industrielle. A coups de chaluts géants et de navires-usines. D'où la disparition de l'effet initial de cette accélération brutale du prélèvement par les hommes, affamés de protéines. Or, affirment les deux halieutes, c'est là que se passe l'essentiel du choc : en quinze ans maxi, les populations chutent d'environ 80 % !

Sans appel. «Cette étude est importante car elle généralise des situations connues sur des régions ou des stocks particuliers», estime Philippe Cury, de l'IRD (Institut de recherche pour le développement). Myers et Worm, de l'université de Halifax, pensent l'avoir démontré à l'échelle mondiale et pour l'ensemble des communautés de poissons prédateurs. Leurs données couvrent cinq plateaux continentaux ainsi que neuf systèmes océaniques et utilisent toutes les données connues précédant ou commençant avec la pêche industrielle. En particulier de précieuses observations réalisées par la flotte de pêche japonaise, pour le thon et l'espad