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Libération

Au Rwanda, course au gorille de montagne

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Des guides pistent la bête pour les touristes et les chercheurs.
publié le 21 mai 2003 à 23h04

Ruhengeri, envoyé spécial.

Chaque matin, à 7 heures, Alphonse se met en marche. Avec ses bottes en caoutchouc, il traverse les champs cultivés jusque sur les flancs des volcans de la chaîne des Virunga. Côté rwandais, les plantations ont peu à peu grignoté la forêt : le Parc national des volcans s'étendait sur 34 000 hectares en 1958, il n'en recouvre plus que 12 500. Soudain, la végétation change. Les pommes de terre et les choux cèdent la place aux lianes et aux orties, qu'Alphonse tranche à coups de machette. Depuis 1995, il est traqueur. Tous les jours, de 7 à 17 heures, il suit les faits et gestes des derniers gorilles de montagne (Gorilla gorilla beringei).

Talkie-walkie. Après quelques minutes à travers la forêt dense ­ parfois, ce sont des heures ­, Alphonse ralentit. Il retrouve le groupe Amahoro («paix», en kinyarwanda) là où il l'avait laissé la veille. Des branches cassées, des feuilles piétinées, des excréments attestent la présence des primates dans les parages. Alphonse et ses accompagnateurs se taisent, puis le traqueur singe le cri des gorilles. Les animaux sont prévenus, des humains approchent. Sur un buisson, deux petits se chamaillent. Ils se tirent les poils, se mordent, puis se dressent d'un coup et tapent des poings sur leur poitrine, en émettant un bruit faible et sourd. Ils imitent le mâle dominant au dos argenté (silverback), père d'un bon nombre de petits gorilles du groupe. Ubumwe, l'imposant silverback du groupe Amahoro, se repose, lui, à quelques