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Libération

Les grands singes menacés d'extinction

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publié le 21 mai 2003 à 23h04

«La vérité brute est que si nous n'agissons pas de façon décisive, nos enfants vivront dans un monde sans grands singes sauvages.» Telle est la conclusion de la plus vaste enquête jamais menée sur l'état des populations de gorilles des plaines et de chimpanzés, publiée dans Nature, le 10 avril. Elle résulte d'une collaboration internationale et interdisciplinaire sans précédent : des chercheurs de onze laboratoires ont mis en commun leurs données, afin d'évaluer le présent et l'avenir de ces espèces. L'état des lieux est «catastrophique» : en moins de vingt ans, entre 1983 et 2002, les effectifs de ces deux espèces ont chuté de 56 % au Gabon, pays qui abrite, avec le Congo voisin, 80 % des gorilles et chimpanzés de la planète.

A ce rythme, d'ici trente-trois ans, les effectifs chuteront encore de 80 %, selon les calculs de Peter Walsh, biostatisticien à l'université de Princeton (Etats-Unis). Sachant que 110 000 grands singes vivaient dans les forêts tropicales d'Afrique de l'Ouest en 1995, la menace d'extinction est sérieuse. Les chimpanzés et les gorilles, classés «espèces menacées» par l'Union internationale pour la conservation de la nature, doivent être mis au rang des «espèces en danger critique d'extinction», et les politiques de conservation doivent être repensées, estiment les auteurs de l'étude, premiers surpris du paysage dramatique qu'elle dessine.

«D'abord, nous avons été choqués de l'importance de ce déclin», témoigne la Britannique Caroline Tutin, qui a mené la