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Libération
Interview

«Du thorium à la place de l'uranium»

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publié le 27 mai 2003 à 23h09

Michel Spiro dirige l'Institut national de physique nucléaire et des particules du CNRS. Il propose d'explore une autre voie pour les réacteurs futurs.

Pourquoi le CNRS veut-il s'occuper d'énergie nucléaire ?

Le CNRS dispose d'une large palette de compétences, des sciences humaines à la physique théorique. Or l'énergie nucléaire n'est pas qu'un problème de physique, elle concerne aussi la chimie, l'ingénierie, les sciences humaines. Le CNRS doit faire entendre sa voix, il bénéficie d'une crédibilité supérieure à celle d'autres acteurs : l'organisme n'est pas lié aux intérêts économiques nucléaires, on y mène un important programme sur les énergies renouvelables et la liberté d'expression des chercheurs y est totale ­ leurs opinions sur le sujet recouvrent tout le spectre possible. La direction du CNRS s'est accordée sur un point : à l'échelle des prochaines décennies, la fourniture d'électricité pour la France ne pourra pas se faire à plus de 20 % (moins de 1 % aujourd'hui) par les deux énergies nouvelles majeures ­ éolienne et solaire ­ en raison de leur intermittence et de leur basse tension. Ajoutez-y 15 % d'hydraulique, il reste 65 % à trouver. Le choix est réduit : charbon et gaz, donc risques climatiques avec un effet de serre renforcé, ou nucléaire. Ce dernier pose problème : le risque d'accidents, la gestion des déchets, la durabilité des ressources. Le CNRS s'y attaque dans une vision à long terme, et avec des orientations pouvant s'écarter de celles du Commissariat à