Le chouchou du public, le clou médiatique de la mission sera son atterrisseur, Beagle-II, dont l'existence même est tout un poème. La direction de l'ESA n'a jamais cru à cette aventure, entièrement portée par l'enthousiasme et la capacité d'agit-prop de Collin Pillinger, professeur à l'Open University de Milton Keynes (Grande-Bretagne), une structure d'enseignement supérieur accessible sans diplôme.
Avec ses longs cheveux et ses rouflaquettes géantes, Pillinger est un régal pour magazine. Mais le réduire à cette dimension serait injuste. Chimiste, il a commencé sa carrière par l'analyse des échantillons lunaires rapportés par les astronautes des missions Apollo. Puis il s'est spécialisé dans l'étude par spectrométrie de masse des météorites, dont certaines martiennes. Pillinger s'est carrément imposé dans le programme avec sa proposition d'un module léger, d'environ 30 kg, qui se poserait sur le sol de Mars pour y fouiller à l'aide d'une minuscule «taupe» afin de détecter des indices de vie fossile : la proportion de carbone 12 et 13 ou des traces de méthane. La première expérience visant directement à détecter une vie sur Mars depuis les missions Viking des années 1970, dont les résultats furent longtemps controversés.
Très gênée pour refuser, l'ESA lui a répondu : «Trouvez de l'argent et des partenaires techniques et on verra.» Pillinger s'est montré à la télé et dans les magazines, il n'a pas lésiné sur la formule «si un Martien pète, Beagle-II détectera le méthane émis»