«Une souris verte, qui courait dans l'herbe...» Des messieurs du CNRS (1) l'ont bien attrapée par la queue, l'ont bien trempée dans l'eau, mais au lieu d'un escargot tout chaud ont obtenu une lignée de souris complètement déprimées. Passives, résignées, apathiques, ces souris constituent pourtant une réussite pour les chercheurs, qui ont ainsi créé le premier modèle génétique de dépression chez le petit mammifère.
Présentant une pathologie comparable à la dépression humaine, ces petits rongeurs permettront peut-être de mieux comprendre la maladie qui deviendra en 2020, selon l'OMS, la deuxième cause de maladies et de handicaps dans le monde. Ces travaux présagent l'apparition à terme de nouveaux traitements plus efficaces.
Démasquées. «La peur ou le besoin font tous les mouvements de la souris», écrivait Buffon. Mais ces deux motivations ne suffisent même plus aux «souris dépressives Rouen», du nom de leur ville natale. Comment les chercheurs ont-ils obtenu de tels spécimens ? Tout simplement en faisant s'accoupler les souris les plus résignées de nature, détectées à l'aide de deux expériences qu'on croirait inspirées de la comptine pour enfants.
La première consiste à suspendre l'animal par la queue à un crochet qui permet de mesurer leur agitation, ou plutôt leur immobilité, pendant six minutes. Les rongeurs volontaires, ceux qui tentent de se redresser, sont retirés de l'expérience. Seconde étape, l'épreuve du bain. La souris est placée dans un cylindre vertical rempli d'eau