Arrive fatalement le moment où le chercheur doit quitter son écran d'ordinateur et ses modèles mathématiques pour aller se confronter à la sèche réalité du terrain. C'est ainsi que, l'an dernier, John Hutchinson, spécialiste de la biomécanique à l'université de Stanford (Californie), a dû organiser des courses d'éléphants en Thaïlande.
Ces courses ont vu s'affronter 42 sujets adultes, sur une distance de 30 mètres. Chaque éléphant était cornaqué et vivement encouragé par le public, afin que la bête ait toutes les chances d'atteindre sa vitesse maximale. Cinq à dix sprints quotidiens, séparés par de nécessaires périodes de repos, ont été organisés pendant plusieurs jours dans la réserve de Lampang. Cette compétition de dragsters catégorie ultralourds a été gagnée par Big, sujet mâle âgé de 20 ans qui affichait 3 tonnes sur la balance. Big a été chronométré à 24 km/h, ce qui constitue un nouveau record mondial, du moins dans une course homologuée par la science (événement rare).
John Hutchinson se demandait : les éléphants en mouvement rapide sont-ils vraiment en train de courir ? («Are Fast-moving Elephants Running ?», publié par la revue Nature, vol. 422, pp. 493-494). Les chercheurs en biomécanique se posent ce genre de questions. Ils s'en posent d'autres, plus compliquées encore, comme : qu'est-ce que courir ? Et puis ils se retrouvent en Thaïlande à faire cavaler des troupeaux d'éléphants.
La réponse est oui, les éléphants courent. Mais pas comme nous. L'éléphant, même lancé