Les singes mâles peuvent-ils se comporter en vrais papas-poules ? C'est en tout cas ce que suggèrent les travaux de Jason Buchan et son équipe, de l'université de Durham (Caroline-du-Nord, Etats-Unis), publiés dans la revue Nature (1). Les primatologues ont observé pendant trois ans des groupes de babouins cynocéphales, dans la savane du parc national d'Amboseli au Kenya. Si leurs résultats sont confirmés, c'est la première fois qu'une paternité est reconnue chez les primates.
Tests. Pour déterminer si les mâles s'occupent de leur descendance, les scientifiques ont d'abord cherché à établir les liens de parenté entre les différents individus du groupe. «Ce préalable est indispensable», explique Bernard Thierry, primatologue à l'université de Strasbourg, «car les babouins vivent en groupes composés de plusieurs mâles et plusieurs femelles. Et si les liens maternels sont faciles à établir, c'est une autre histoire pour la paternité.» Il y a une quinzaine d'années, on déterminait le père le plus probable d'un jeune en observant les accouplements, mais cette méthode était loin d'être fiable car plusieurs mâles peuvent s'accoupler avec une même femelle. La mise au point des tests ADN a relégué cette méthode au placard. Les tests génétiques de paternité sont désormais fia bles à plus de 99 %.
Altercations. Une fois les filiations établies avec certitude, les primatologues ont observé les bagarres entre jeunes babouins. Pour rétablir le calme ou marquer leur autorité, les mâles sont