Y a pas de justice pour les robots ! Moi, Galileo, sonde spatiale en orbite autour de Jupiter depuis 1995, je viens de recevoir l'ordre de me suicider. Dimanche 21 septembre, à 20 h 57 tapant (heure de Paris). De brûler mon reste de carburant, viser Jupiter et y plonger pour finir en une boule de feu. Comment désobéir aux astronavigateurs de la Nasa ? Déjà, c'est contraire à ma nature de robot. En plus, ils ont trouvé l'argument qui tue : la vie ! Et c'est de ma faute. J'ai découvert que le satellite jovien Europe, sous sa coque de glace, abrite un océan d'eau liquide. Vous connaissez les gars de la Nasa. Eau liquide égale vie, pas touche.
Quelques grammes de plutonium
C'est un sous-comité de l'ONU qui l'a décidé. Le moindre petit soupçon d'une minuscule chance que la vie puisse avoir émergé sur un astre, pas question de le contaminer. C'est la règle. Mes collègues qui se posent sur Mars passent à la Cocotte-minute avant de partir. Moi, j'ai quelques grammes de plutonium. Sans eux, impossible de vivre ici, à 800 millions de km du Soleil. Comme je n'ai plus de quoi naviguer, hormis ce dernier coup de rein, ce serait prendre le risque de m'écraser sur Europe un jour ou l'autre. Alors, adieu la longue retraite promise par mes concepteurs. Si mes circuits me le permettaient, je verserais bien une petite larme devant tant d'ingratitude. Car, quand même, quelle carrière !
Avant la conquête spatiale, Jupiter était une énorme boule orange 1 338 fois la Terre en volume avec des cerc