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Libération
Reportage

A la mer fontaine

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Environnement. En mer, les sources d'eau douce produisent un phénomène visuel identifiable, une boursouflure en forme d’œil. Au large de Menton, en pleine Méditerranée, la société Nymphea Water a trouvé son trésor : une source d'eau douce sous-marine. Elle a commencé par la canaliser, reste à en abreuver le continent.
publié le 27 septembre 2003 à 1h09

Ça ressemble à de la magie : à 800 m de la côte méditerranéenne, en pleine mer, surgit une source d'eau douce formant un joli panache, issue d'un tuyau branché 36 m plus bas. Il n'y a ni système de pompage ni forage : l'eau douce, moins dense que l'eau de mer, remonte naturellement. C'est le miracle d'Archimède. Il suffit de la canaliser, Nymphea Water l'a fait, depuis le 23 juillet. Ce vendredi matin de septembre, Thierry Carlin, le directeur général, part plonger sur le site pour y replacer des sondes. Le bateau quitte le port de Menton (Alpes-Maritimes). En dix minutes, il atteint la source de la Mortola, dans les eaux territoriales italiennes, face à Vintimille. A bord, Carlin s'enthousiasme pour le procédé : «Qu'on soit là ou pas, la nappe d'eau douce sort. C'est une fuite. On ne fait que récupérer un excédent. On ne change pas l'équilibre hydraulique.» Il désigne les montagnes environnantes : «Voilà le château d'eau. Tout est calcaire. L'eau s'infiltre, presque rien ne ruisselle.»

Et une partie de l'eau ressort là, en pleine mer. Depuis, sans doute, des milliers d'années. Les pêcheurs du coin connaissaient la source ; certains auraient même bricolé une prise avec un tuyau, il y a vingt ans. Filiale de la Comex et de Soletanche Bachy (béton), Nymphea Water voit grand, beaucoup plus grand. La société, basée à Aubagne (Bouches-du-Rhône), a investi 2 millions d'euros dans ce site pilote, qui sera testé pendant un an au moins, avec l'objectif de déboucher sur une production