Ghislain de Marsily (université Pierre-et-Marie-Curie, Paris-VI), membre de l'Académie des Sciences, est un spécialiste de la circulation de l'eau dans le sol. Il doit remettre dans dix-huit mois un rapport au gouvernement sur les problèmes de société liés à l'eau : pénurie, santé publique, crues, variations climatiques.
Quelle est l'histoire des sources sous-marines ?
Dès l'Antiquité, des sources de ce type auraient été explorées au Proche-Orient. L'un de mes ancêtres a participé à cette histoire : en 1715, Louis-Ferdinand de Marsilgli publie les résultats de sa prospection de la source de Port-Miou (près de Cassis). Ces sources sont facilement repérables, par les disques plus clairs qu'elles forment à la surface de l'eau dans une baie. Les pêcheurs les connaissent bien, car les poissons sont attirés par ce mélange d'eaux douces et salées. Des hydrogéologues ont mené des expériences de captage en Italie et, il y a vingt ans, à Port-Miou. Toutefois si le sujet était connu, il n'a pas mobilisé de nombreux scientifiques.
D'où vient cette eau ?
Aucun mystère. Elle vient du continent, tombe sur un bassin versant, qu'il est possible de déterminer par l'étude de la géologie du terrain et par certaines analyses isotopiques de l'eau. Pour la plupart, il s'agit de milieux calcaires karstiques, disent les spécialistes où l'eau dissout le calcaire et forme des conduits, comme pour n'importe quelle source de ce type sur le continent. Elle aboutit en mer en raison de l'histoire géologique. Lors des dernières glaciations, le niveau de la mer est descendu d'