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Libération

Le génome du chien enfin désossé

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publié le 30 septembre 2003 à 1h10

Shadow est un grand caniche, noir, vieux et ordinaire à un poil près. C'est le chien de Craig Venter et Claire Fraser, mari et femme, américains, riches et célèbres : lui a produit la première séquence du génome humain ; elle dirige The Institute for Genome Research (Tigr), qui a décrypté à la chaîne l'ADN de plusieurs dizaines de microbes pathogènes. Shadow vivait jusqu'ici vautré dans l'ombre de ces maîtres de la génomique. Le voici devenu le héraut de la génétique canine : Venter et Fraser ont utilisé son ADN pour produire la première séquence d'un génome de chien.

Modèle. La revue Science publie cette semaine leur analyse du «désossage» ­ encore grossier ­ de l'immense molécule qui porte les gènes canins. Cette étude révèle (au soulagement général) que le chien est légèrement plus proche de l'homme que ne l'est la souris : sur les 24 567 gènes humains connus, 18 473 ont un équivalent chez le chien contre 18 311 pour la souris. L'étude démontre en outre que la stratégie de séquençage ultrarapide utilisée par Venter et Fraser permet d'étudier à moindre coût de très grands génomes ; l'ADN du chien étant, avec ses 2,4 milliards de bases, d'une taille comparable à celui de l'homme (2,9 milliards).

Enfin et surtout, cette publication met en exergue l'intérêt croissant porté aux Etats-Unis à la génétique canine. Tigr n'est pas seul, en effet, à pister les gènes du chien. Les NIH, l'organisme fédéral américain de la recherche médicale, ont lancé un grand projet «génome canin» qui