Alerte aux Niños! C’est le message d’une centaine de scientifiques spécialistes d’El Niño. Réunis fin septembre à Toulouse,à l’invitation du Laboratoire d’études en géophysique et océanographie spatiale (Legos), ils s’inquiètent d’une relation possible entre le réchauffement climatique général et l’intensité des futurs épisodes El Niño,phénomène qui apparaît lorsque le Pacifique tropical voit ses eaux chaudes de surface basculer d’ouest en est, bouleversant la météo à l’échelle de la planète.Bilan du colloque par son organisateur, Joël Picaut, océanographe à l’Institut de recherche pour le développement (IRD).
Etes-vous parvenus à déterminer si les épisodes El Niño sont plus fréquents et plus forts avec le réchauffement climatique du XXesiècle?
C’est une question qui nous inquiète beaucoup. Les Niños de la fin du siècle, en particulier en 1982-1983 et en 1997-1998,ont été très violents et dévastateurs pour les hommes – sécheresses et incendies majeurs à l’ouest (Indonésie,Australie), inondations,dégâts agricoles et destructions d’infrastructures en Amérique et en Afrique. Les spécialistes estiment qu’on peut attribuer plusieurs dizaines de milliers de morts et des dizaines de milliards d’euros de dégâts matériels à ces épisodes. En outre, entre 1991 et 1995,une série de Niños de faible intensité se sont succédé de manière assez étrange. Quant à celui de 1997-1998,malgré la mise en place d’un vaste réseau d’observations (bouées fixes tout le long du Pacifique tropical, satellites, bouées dérivantes…), il n’a pas été prévu avec assez de précision quant à son intensité par nos modèles. Or,nous sommes devant deux