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Libération

Un Nobel qui ne manque pas de sel

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publié le 9 octobre 2003 à 1h19

De l'eau et des ions, tels sont les maîtres mots de la cuvée 2003 du Nobel de chimie qui allie physique, chimie, et biologie. L'Académie royale des sciences de Suède a attribué hier sa prestigieuse récompense aux Américains Peter Agre et Roderick MacKinnon pour leurs découvertes sur «la façon dont les ions et l'eau sont transportés à travers la paroi des cellules». Une circulation vitale pour tous les organismes, de la bactérie à l'homme.

Dérivés des sels apportés par l'alimentation, les ions (sodium, calcium, potassium) sont des particules électriquement chargées dont le passage (entrée et sortie) à travers les membranes des cellules suscite des phénomènes aussi divers que la contraction musculaire ou l'activité nerveuse. Comment sont contrôlés ces flux et reflux d'ions dont les dérèglements provoquent épilepsie, douleurs, mucoviscidose, cardiopathies ? C'est ce qu'a découvert Roderick MacKinnon, professeur de neurobiologie moléculaire et de biophysique à l'université Rockefeller de New York en étudiant une bactérie. En 1998, il a identifié la structure en trois dimensions d'une protéine située à l'interface de la membrane cellulaire et dont la fonction est de laisser passer sélectivement les ions potassium. «On découvrait ainsi pour la première fois l'architecture atomique d'un canal à ions», relève le biologiste Michaël Seagar (CNRS-Inserm, Marseille). Ce travail pionnier a ouvert la voie à la description des autres «canaux à ions» (une centaine à ce jour), à la compréhens